Extraits du journal intime du chat :
Jour n° 152 :
Mes ravisseurs continuent à me provoquer avec de bizarres petits objets
pendouillant au bout d'une ficelle. Ils se gavent de viande fraîche au dîner
pendant qu'ils me forcent à manger des céréales déshydratées. La seule chose
qui m'aide à tenir le coup est l'espoir d'une évasion, et la maigre
satisfaction que je retire de temps à autres de la destruction d'un meuble.
Demain, je mangerai peut-être une autre plante d'appartement.
Jour n° 161 :
Aujourd'hui, ma tentative d'assassiner mes ravisseurs en me glissant dans
leurs pieds pendant qu'ils marchaient a presque réussi.
Il faudra que j'essaie encore depuis le haut des escaliers.
Dans l'espoir d'induire dégoût et répulsion chez ces vils oppresseurs, je me
suis encore forcé à vomir sur leur fauteuil préféré. Il faudra que je
recommence sur leur lit.
Jour n° 165 :
J'ai décapité une souris et leur ai apporté le corps, afin de leur faire
comprendre ce dont je suis capable, et pour frapper leurs coeurs de terreur.
Mais ils se sont juste extasiés et se sont répandus en paroles onctueuses et
condescendantes, me disant à quel point j'étais un bon petit chat. Hmmm...
Ca ne fonctionne pas conformément au plan.
Jour n° 168 :
J'ai enfin réalisé jusqu'à quel point allait leur sadisme. Sans aucune
raison, j'ai été choisi pour le supplice de l'eau. Cette fois, de plus, il
comprenait une substance chimique mousseuse et piquante nommée 'shampooing'.
Quel cerveau malade a bien pu inventer un tel liquide ? Ma seule consolation
est le morceau de pouce que je tiens encore entre mes dents.
Jour n° 171 :
Aujourd'hui s'est tenue une sorte de réunion de malfaiteurs. J'ai été placé
à l'isolement pendant l'événement. Cependant, j'ai pu entendre le bruit et
humer l'odeur nauséabonde de ces tubes de verres qu'ils appellent 'bière'.
Plus important, j'ai réussi à obtenir l'information que la raison de ma
réclusion était mon pouvoir 'allergisant'. Il va falloir que j'apprenne de
quoi il s'agit pour que je puisse l'utiliser à mon avantage.
Jour n° 174 :
Je suis persuadé que les autres prisonniers sont des comédiens ou peut-être
même des mouchards. Le chien est relâché tous les jours et semble plus
qu'heureux de revenir. C'est visiblement un attardé mental.
D'un autre côté, l'oiseau doit être un informateur puisqu'il leur parle
constamment. Je suis certain qu'il leur rapporte mes moindres mouvements.
Tant qu'il restera dans cette pièce de métal, sa sécurité est assurée. Mais
je peux attendre. Ce n'est qu'une question de temps...